30 mars 2014

Still Life (En plein coeur)

Je l'avoue tout de suite, mes connaissances en littérature anglo-québécoise sont pour le moins rudimentaires... Je peux citer Mordecai Richler, que je n'ai par ailleurs pas lu, et c'est tout!  Two solitudes, indeed!  Alors ce roman reçu en cadeau à ma fête m'a permis de joindre l'utile à l'agréable! 

Premier d'une série se déroulant entièrement autour d'un petit village fictif des Cantons-de-l'Est, ce petit polar est tout à fait délicieux.  Amateurs de roman noir et de thriller s'abstenir, on est plutôt dans la tradition du whodunit à la Agatha Christie. Les personnages sont attachants, à quelques exceptions près (il faut bien quelques méchants!) on a envie de les avoir comme voisins, de déménager dans une vieille maison de ce coin de pays pittoresque!  Le personnage de l'Inspecteur Gamache est original, c'est un érudit qui apprécie la poésie et l'art et qui appelle sa femme tous les jours lorsqu'il est en mission, ça nous change du policier bourru, misogyne et alcoolique habituel.  Son assistante, recrue inepte qui se met les pieds dans les plats en prenant tout au pied de la lettre, m'a bien fait rire!

Je suppose que plusieurs des personnages sont récurrents, ce sera un plaisir de les retrouver dans les tomes suivants!  J'espère seulement qu'on aura corrigé un petit défaut:  je n'ai rien contre l'idée de mettre quelques expressions en français et quelques sacres dans les dialogues pour faire couleur locale, mais encore faudrait-il qu'ils soient exempts de fautes!  On dirait qu'on a utilisé Google traduction!  Par exemple, on a «pointe finale» au lieu de «point final», «n'est pas» au lieu de «n'est-ce pas», et j'en passe... En fait, il serait plus court de citer les expressions correctes!  Au moins voilà un problème que n'auront pas ceux qui liront la série en traduction française, à condition bien sûr que celle-ci ait été faite par un québécois, ce qui devrait toujours être le cas selon moi lorsqu'un roman se déroule au Canada.  Sinon c'est le désastre inévitable...


Le billet de Jules, de Suzanne, de Geneviève (Allie), celui de Joëlle, moins convaincue. Yueyin, quant à elle, nous présente la série au complet.


Still Life de Louise Penny, 2005, 377 p.  Titre de la traduction française: En plein coeur au Québec et Nature morte en France.

16 mars 2014

Quand souffle le vent du nord

Au début, je n'étais pas sûre d'accrocher à ce roman épistolaire nouveau genre (au lieu de lettres, ce sont des courriels que s'échangent les correspondants).  Je trouvais le ton un peu artificiel. Puis, peu à peu, disons après une dizaine de pages, je me suis prise au jeu de ces deux personnages qui se dévoilent petit à petit, qui tentent de se deviner, ne s'étant jamais vus et ignorant parfois leurs propres motivations. Je me demandais toutefois si l'intérêt pourrait être soutenu pendant plus de 300 pages, et la réponse est oui! Grâce au suspense de savoir si enfin ils vont se rencontrer en chair et en os, grâce à des surprises et revirements de situation et à la sympathie qu'on éprouve pour eux, on dévore ce bouquin sans même s'en apercevoir!

Deux mini-bémols: 1)  la fille sur la couverture a des cuisses si longues qu'elle a l'air d'une sauterelle, et 2) la traductrice a choisi d'utiliser le mot «mail» au lieu du «courriel» québécois, ou tout simplement de «email».  Moi quand je lis mail, dans ma tête cela se prononce «maille», comme dans mail piétonnier, par exemple. J'étais constamment en train de réajuster mon cerveau, et comme bien sûr ce mot est utilisé plusieurs fois par page, c'est un peu pénible. 

Lorsque les seuls défauts qu'on trouve à un livre sont une traduction d'un mot déplaisant à une psycho-rigide de la pire espèce et une photo de femme-mante religieuse, c'est qu'un livre a vraiment beaucoup de qualité!  C'est frais, c'est drôle, c'est romantique, ça se lit tout seul! 

Il paraît qu'il y a une suite, mais je me demande si celle-ci n'est pas superflue, je pense que je préfère en rester sur cette fin... (Si vous l'avez lue, cette suite, vous me direz ce que vous en avez pensé!)


Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer, traduit de l'allemand, 2010, 348 p. La version originale, Gut Gegen Nordwind, date de 2006.

09 mars 2014

Bridge of Sighs (Le Pont des soupirs)

Un beau roman aux thèmes universels: la famille, les patterns qui se reproduisent de génération en génération, l'amitié, la dépendance affective, le couple, les classes sociales, le racisme...  Tout ça avec comme toile de fond, d'une part, une petite ville industrielle de l'État de New York au bord d'une rivière polluée par la tannerie locale, et d'autre part la ville de Venise (d'où le titre) et l'atelier d'un peintre américain exilé. J'y ai bien trouvé quelques longueurs, toutefois. Quant on commence à s'intéresser aux parents de la petite amie du personnage principal, j'ai commencé à penser qu'on s'éparpillait un peu, même si ces digressions ont leur raison d'être, en fin de compte. À part ce petit bémol, j'ai bien apprécié cette lecture, en particulier les personnages attachants et multidimensionnels.


Bridge of Sighs de Richard Russo, 2007, 527 p. Titre de la traduction française: Le Pont des soupirs.