12 février 2014

La Jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Quelle étrange expérience que la lecture de ce roman!  Je n'ai pas détesté, au contraire, mais disons que c'est un peu «malaisant», pour utiliser un néologisme à la mode. Car Folco a bâti son histoire autour de ce qu'on connaît de la jeunesse d'Hitler, de sa naissance en 1889 jusqu'au déclenchement de la Première Guerre mondiale: un père rigide, une mère qui le surprotégeait, orphelin à seize ans, des aspirations artistiques déçues,  etc. Une enfance assez banale, somme toute, et qui est loin d'expliquer ce qui suivit.  Alors on se prend au jeu, on s'intéresse au personnage, on rit même et tout d'un coup on se souvient de qui il est question!

Ainsi on trouve à plusieurs reprise des passages très drôles mais qui soudainement vous glacent les sangs lorsque vous lisez entre les lignes. Par exemple:
Renonçant provisoirement à la peinture, il décida d'écrire un roman social: l'histoire d'un orphelin rejeté de tous qui finit par se venger d'une manière wagnérienne en diable.  Puis il écrivit une nouvelle futuriste sur un jeune scientifique viennois qui devient un héros national en découvrant le remède absolu qui anéantit la totalité des punaises de la capitale et de ses alentours (en une nuit).

Pour ceux qui se posent la question,  le lien avec les autres romans de Folco relatant les tribulations de la famille Tricotin existe mais est plutôt ténu. *** Attention, spoiler pour Même le mal se fait bien.***  C'est que Carolus Tricotin, petit-fils de Charlemagne Tricotin, est en fait le vrai père d'Hitler, et lui et son fils Marcello, héros du tome précédent, feront une brève apparition dans la vie d'Adolf.  ***Fin du spoiler.***  C'est bizarre de l'appeler par son petit nom, non? Ça vous donne une idée du genre de malaise dont je parlais ci-dessus.


La Jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler de Michel Folco,  2010, 350 p.

03 février 2014

The Call of the Wild (L'Appel de la forêt)

Premier coup de coeur de 2014!

Après le ton monotone de ma lecture précédente, quel plaisir de lire une plume d'une telle force évocatrice!  On s'identifie complètement au personnage principal, ce qui est quand même un tour de force puisqu'il s'agit d'un chien! C'est l'histoire de  Buck, enlevé de son confortable domaine californien pour devenir chien de traîneau au Yukon durant la ruée vers l'or. Sa résilience et sa force de caractère lui permettront de trouver sa place tant parmi ses semblables que parmi les humains et de survivre à de rudes épreuves, mais cèdera-t-il à l'appel de la forêt, de la vie sauvage imprégnée dans ses gènes mêmes? Un très beau récit qui n'a pas pris une ride.

(La nuit passée, j'avais composé dans ma tête un superbe billet qui rendait beaucoup mieux hommage à ce livre. J'ai été trop paresseuse pour me lever et le noter, me fiant à ma mémoire pourtant notoirement faillible.  Du coup, les mots me manquent; toutes mes excuses au fantôme de Jack London et à Buck pour mon manque d'éloquence.)


The Call of the Wild and other stories de Jack London, 1903, 187 p. incluant deux courtes nouvelles.  Titre de la traduction française: L'Appel de la forêt.