21 mars 2010

Paul à Québec

Je vous avais déjà parlé brièvement de cette série de bandes dessinées ici.  Après ce premier contact, j'avais lu en quelques mois et avec délice tous les autres tomes parus.  Je viens de lire le plus récent opus, Paul à Québec, et je crois bien que c'est le meilleur de tous! (À part que Paul ne va pas vraiment à Québec, mais Paul à Saint-Nicolas près de Québec, c'est moins vendeur!)  Comme toujours, Paul nous fait rire à gorge déployée (le passage sur les joies de l'informatique!), mais ici en plus il nous fait surtout pleurer (et je ne me souviens pas qu'une BD m'ait jamais fait cet effet...). C'est qu'il nous parle de la maladie et de la mort de son beau-père, et l'émotion est  cachée derrière le dessin propret, et d'autant plus efficace...  Le danger était de tomber dans le pathos ou le mélo, mais Rabagliati sait garder le ton juste, un peu comme il l'avait fait dans le passage de la fausse-couche de Paul à la pêche, et finalement une grande sérénité nous envahit lorsqu'on tourne la dernière page.

Je crois que cette série s'adresse avant tout aux plus de trente-cinq ans, qui reconnaîtront dans les dessins de nombreux clins d'oeil à des lieux et objets de leur jeunesse.  Mais elle saura plaire aussi à des plus jeunes, car les thèmes évoqués sont universels: le premier emploi, le premier appartement, etc.

À quand le prochain tome?

Venise en parle avec beaucoup plus d'éloquence que moi, de même que Karine, Allie, et Tamara nous donne son point de vue d'Européenne!  Un seul commentaire négatif, chez Jules.

Paul à Québec de Michel Rabagliati, aux éditions de La Pastèque en 2009. 187 p.

04 mars 2010

The Cat Who Smelled a Rat

(Titre de la version française: Le Chat qui flairait l'embrouille.)

Quel chat sensible et intelligent que ce Koko qui détecte à distance les crimes et donne à son maître journaliste des indices subliminaux! Bien sûr, pour ce faire il jette les pots de géraniums du haut de la mezzanine et laisse sa crotte sur le bel album sur les pyramides égyptiennes...

En fait, l'intrigue policière est ici plutôt accessoire, et d'ailleurs prévisible. Le charme de ce roman réside dans les pitreries des deux chats siamois (j'en aurais même voulu plus) et dans la description humoristique de la vie quotidienne d'un petit village du nord des États-Unis, dans lequel les deux activités principales semblent être manger et acheter des antiquités. (Où se trouve ce village mythique? C'est la question que tentent de résoudre les fans de la série sur les forums qui lui sont réservés, car Lilian Jackson Braun n'a jamais voulu le préciser. Grâce aux indices éparpillés dans les bouquins, la plupart s'entendent pour désigner la péninsule du nord du Michigan.) Amateurs de sensations fortes, s'abstenir! Le ton est bon enfant et les méchants ne sont pas très épeurants. L'écriture est simple, sans fioriture.

Le seul défaut: je m'y perdais un peu dans la multitude de personnages secondaires. Mais cela est sûrement dû en grande partie au fait que le tome que j'ai trouvé en bibliothèque est le vingt-troisième de la série! Si on les lit plus ou moins dans le bon ordre, on se familiarise probablement d'une façon plus progressive avec les voisins, le chef de police et tous les autres. Notons toutefois que les quatre premiers romans ne se déroulent pas dans le village mais dans une grande ville non précisée, qui pourrait être Chicago.

Des billets sur d'autres titres de la série: Kali, Serialecteur, Hydromielle.


The Cat Who Smelled a Rat de Lilian Jackson Braun, publié chez G.P. Putnam's Sons en 2001. 229 p.

01 mars 2010

Blogueur invité: Éloi Paré nous parle de Maudit Karma

L'écrivain Éloi Paré, auteur de Sonate en fou mineur et du blogue En l'an 2+++, a accepté mon invitation à se joindre à notre club de lecture ce mois-ci. Il nous fait part de ses réflexions sur Maudit Karma de David Safier. Je le remercie de cet honneur et lui laisse la parole:


Kim Lange, vedette de la télévision allemande, est une mauvaise épouse, une mauvaise mère et une mauvaise personne, en partie malgré elle car les remords la rongent. Elle est connue comme « celle qui marche sur les cadavres et revient en arrière pour remarcher dessus ». Lorsqu’elle meurt subitement, elle apprend que sa mauvaise conduite l’empêche d’accéder au Nirvana et qu’elle doit se réincarner au bas de l’échelle animale, c’est-à-dire en fourmi. Heureusement, en accumulant les bons karmas, elle peut monter dans l’échelle des réincarnations et tenter de reprendre sa place auprès de son ex-mari et de sa fille.

Pour moi, Maudit Karma a été une lecture à deux niveaux. Les premières 40 pages sont vraiment très bonnes. Quel merveilleux roman, je me disais entre deux éclats de rire. Tout en riant beaucoup, j’étais pris par le drame de l’héroïne, déchirée entre son ambition égoïste et son amour pour sa famille. Incapable de résister à ses désirs, elle détruisait malgré elle ses relations avec ses proches, une situation qui me touchait et qui me faisait tourner les pages avec avidité.

Hélas, lorsque la narratrice est devenue une fourmi, vers la page 40, l’histoire a perdu la plus grande partie de son intérêt à mes yeux. Le roman restait drôle mais ne me touchait plus. Je n’arrivais pas à m’intéresser à la vie d'une fourmi et à sa jalousie lorsqu’elle observe le quotidien sans intérêt de son ancienne famille. Car Kim est jalouse et désire empêcher son ex de se refaire sa vie, ce qui m’a paru seulement stupide. Comme une fourmi, un hamster ou un chien pourraient-ils remplacer une épouse et une mère? Au lieu de tourner les pages avec avidité, je me posais ce genre de question. Et finalement, lorsque Kim se réincarne dans une forme humaine, le roman m’a paru très peu vraisemblable.

Pendant 40 pages, j’ai vu ce que peut être un très bon roman humoristique, et ensuite le roman m’a semblé devenir ce qu’ils sont souvent : de la fantaisie qui ne nous émeut pas, un bonbon superficiel et finalement invraisemblable. Malgré l’humour toujours présent, je me désolais que l’auteur n’ait pu maintenir le niveau du début. Au final, ça n’est qu’un roman divertissant, alors que ça aurait pu être un vraiment très bon roman. Dommage, car David Safier a beaucoup de talent. J'espère qu'il pourra un jour nous servir un texte fort et drôle du début à la fin.


Maudit Karma de David Safier, traduit de l'allemand, publié aux Presses de la Cité en 2008, 318p. Titre original: Mieses Karma.