25 septembre 2015

Pieds nus dans l'aube

Le lendemain du jour où j'ai commencé ce roman de Félix Leclerc, qu'aperçois-je dans un pin, de bon matin?  Un geai bleu, comme sur la couverture!  Je n'en avais pourtant jamais vu en ville...  Cette lecture débutait sous les meilleures auspices.

Le narrateur (Félix lui-même?) a entre douze et quatorze ans.  Lui et son ami Fidor se tiennent donc au seuil de l'âge adulte et ne veulent pas le franchir de sitôt, sentant bien que les choses ne sont pas si roses de l'autre côté.  La vie se chargera, par découvertes et réalisations successives, de leur faire sauter le pas: le Père Noël n'existe pas, l'amour peut vous arracher le coeur, on peut être si pauvre qu'on n'a que des haillons pour se vêtir, même en hiver...   Heureusement qu'il y a l'amitié, la famille et la beauté de la Nature!

Les augures n'ont pas menti, j'ai adoré ce... est-ce un roman ou un récit autobiographique, on ne le sait pas trop.  Un peu des deux peut-être.  Toujours est-il que ça m'a vraiment prise aux tripes: c'est notre histoire, ce sont nos racines, ces personnages de défricheurs, de coureurs des bois, de forgerons, de mères de famille nombreuse, ils sont dans nos gènes!


Pieds nus dans l'aube de Félix Leclerc, 1946, 234 p.
 

21 septembre 2015

L'Invention de nos vies

C'est bien parce que les membres du club de l'émission Bazzo.TV ont su partager leur enthousiasme pour ce roman de Karine Tuil (écrivaine dont par ailleurs je n'avais jamais entendu parler)...  Sinon, jamais au grand jamais je n'aurais eu l'idée de lire un roman avec un tel titre!  Ça fait très psycho-pop, non?  Du style «Réinventez votre vie», etc.  Pas mon genre...

En plus, au début j'ai plus ou moins accroché à l'histoire.  Les deux personnages principaux me semblaient peu sympathiques:   l'un avocat très imbu de lui-même, l'autre une vraie chiffe molle qui a tenté de se suicider pour empêcher sa blonde de le quitter.  Disons qu'après les personnages entiers et francs d'Arturo Pérez-Reverte, ma lecture précédente, le contraste était frappant.  C'est l'écriture originale, inventive de Tuil qui m'a retenue.

Puis je me suis prise au jeu de cet échafaudage de mensonges construit par le personnage de l'avocat (musulman qui se fait passer pour juif afin de gravir les échelons de la société new-yorkaise).  Combien de temps pourra-t-il maintenir l'illusion?  Finalement, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman absolument fascinant et très actuel, tant dans sa forme que dans son fond.


L'Invention de nos vies de Karine Tuil, 2014, 492 p.

11 septembre 2015

Au fond du labo à gauche

Dans ce recueil de courtes chroniques, Édouard Launet nous présente les recherches scientifiques les plus farfelues répertoriées dans les magazines spécialisés.  Les manchots (les oiseaux, pas les amputés) tombent-ils vraiment à la renverse lorsqu'un avion les survole?  Peut-on entraîner un pigeon à distinguer un Monet d'un Picasso? (Réponse: oui!)  Si la tartine échappée tombe toujours du côté beurré, est-ce vraiment à cause de la Loi de Murphy?  C'est dur à croire, mais il y a réellement des savants qui sont payés pour étudier ces questions, et bien d'autres toutes plus saugrenues les unes que les autres.

Parfait pour lire dans les transports en commun, en file au cinéma ou dans une salle d'attente... À condition que cela ne vous dérange pas d'éclater de rire en public!


Au fond du labo à gauche d'Édouard Launet, 2006, 192 p.

09 septembre 2015

Le Soleil de Breda

(Les Aventures du capitaine Alatriste, tome 3)


C'est un vrai plaisir de retrouver ce cher Alatriste, toujours aussi imperturbable, avec ses silences, ses yeux clairs et son code d'honneur.  Et son jeune valet Inigo, loyal et drôle, le narrateur.  Et surtout la plume élégante et spirituelle d'Arturo Pérez-Reverte (APR pour les intimes). 

Je dois toutefois avouer que j'ai un peu moins aimé cet opus que les deux précédents (billets ici et ici), tout simplement parce qu'au lieu d'une intrigue de cape et d'épée, on est plutôt dans le roman de guerre.  L'histoire se déroule durant le siège de Breda, en Flandres, pendant la guerre entre l'Espagne et la Hollande.  On est donc dans les tranchées et sur le champs de bataille, et il y a plusieurs scènes violentes.  Je n'ai rien contre ce genre littéraire, j'en lis à l'occasion, mais ce n'est pas nécessairement ce dont j'avais envie à ce moment précis. Et puis le romantisme des deux premiers livres m'a manqué.  

Par contre j'ai été surprise d'apprendre dans la postface que Diego Alatriste et Inigo Balboa sont des personnages historiques!  Inigo aurait d'ailleurs conseillé Vélasquez lorsque celui-ci a peint son célèbre tableau La Reddition de Breda, et Alatriste y aurait même figuré avant d'être effacé, sans doute pour des raisons politiques.

Malgré cette (très légère) déception, je vais quand même continuer la série, c'est sûr et certain!


Le Soleil de Breda (Les Aventures du capitaine Alatriste, tome 3)  d'Arturo Pérez-Reverte, 1999, 290 p.

08 septembre 2015

Le Royaume

Je croyais qu'il s'agissait d'un roman.  Un roman dont l'intrigue se situait au début du christianisme et mettait en scène les apôtres.  Et je ne suis pas la seule à m'être gourée puisqu'à la Bibliothèque de Montréal, dans plus de la moitié des succursales, si j'en juge d'après le catalogue, on a classé ce bouquin dans la section roman.

Dans le prologue, l'auteur nous raconte que pour se documenter sur le sujet de la Foi (et en particulier sur ce qui fait que des gens par ailleurs parfaitement sensés pour la plupart, peuvent croire une histoire aussi abracadabrante que celle de la résurrection du Christ), il a voulu interroger des croyants.  Puis il s'est dit que comme il avait lui-même (brièvement mais avec ferveur) été croyant, il trouverait les réponses à ses questions dans ses propres écrits de l'époque où il lisait et décortiquait chaque jour la Bible.  Et ainsi de suite pendant des pages, pendant en fait un tiers du volume.

Bon, c'est super intéressant, très bien écrit et souvent très drôle, mais le roman, il commence quand?

Hé bien, il n'y en aura pas de roman!  Quand enfin on arrive à la partie qui se déroule en l'an 1 de notre ère, on s'aperçoit que Carrère continue de nous raconter ça sur le ton de la conversation, toujours avec beaucoup d'humour et en faisant de nombreuses comparaisons avec notre temps pour bien tout mettre en perspective: comment vivaient les apôtres, comment on a pu reconstituer tout ça en se basant sur les écrits de l'époque, non seulement les textes religieux mais aussi d'autres sources comme les auteurs romains par exemple. (Elle est vraiment longue cette phrase.  Ça paraît que j'ai lu Proust récemment.  Parlant de Proust, depuis que j'ai lu le premier tome de La Recherche, c'est incroyable le nombre de références proustiennes que j'ai remarquées dans d'autres oeuvres.  Juste dans ce livre, au moins deux ou trois.  Dont une à l'épisode très drôle où les grandes-tantes essaient de remercier un voisin qui leur a fait parvenir une caisse de vin, mais s'y prennent de façon si vague, par crainte de tomber dans la vulgarité, que l'autre n'y comprend rien.  Maintenant,  il faut que je lise Céline, parce que les allusions fréquentes à Voyage au bout de la nuit me passent dix pieds par dessus la tête.  Mais je m'égare.)

Alors, j'ai aimé ou j'ai pas aimé?  J'ai beaucoup, beaucoup aimé, c'est une brique et ça se lit comme rien, mais j'aurais été moins déstabilisée si j'avais su dès le début de quoi il s'agissait.  Je sais, j'ai souvent dit ici que j'adorais commencer un livre dont je ne savais rien,  partir à la découverte, etc, mais il ne faut pas pousser mémère dans les orties.

Un extrait qui donne le ton:

Après avoir quitté Philippes, Paul est allé à Thessalonique, puis de Thessalonique à Bérée, et partout ç'a été le même scénario.  Le jour du sabbat, il prenait la parole à la synagogue, convertissait quelques Grecs judaïsant et soulevait l'hostilité des vrais Juifs qui employaient tous les moyens pour chasser ce concurrent déloyal.  Dans un album de Lucky Luke, on le verrait à chaque fois quitter la ville enduit de goudron et de plumes.

Un autre extrait, où il parle de l'oeuvre de l'historien Ernest Renan (1823-1892) en des mots qui décrivent assez bien sa propre entreprise, en fait:

Mais la Vie de Jésus n'est que la partie émergée de l'iceberg.  Le plus passionnant, ce sont les six volumes suivants de l'Histoire des origines du christianisme, où est raconté en détail cette histoire beaucoup moins connue:  comment une petite secte juive, fondée par des pêcheurs illettrés, soudée par une croyance saugrenue sur laquelle aucune personne raisonnable n'aurait misé un sesterce, a en moins de trois siècles dévoré de l'intérieur l'Empire romain et, contre toute vraisemblance, perduré jusqu'à nos jours.

Je précise que je l'ai lu d'un point de vue athée; si vous l'avez lu et êtes vous-même chrétien, je serais très intéressée de connaître votre avis, car j'hésite à le recommander à des croyants: seront-ils choqués?


Le Royaume d'Emmanuel Carrère, 2014, 630 p.

01 septembre 2015

Québec-o-trésors... en prolongation!

Étant donné le «déménagement» de l'événement annuel organisée par les merveilleuses Karine et Yueyin, j'ai nommé le très populaire Québec en septembre qui devient cette année Québec en novembre, nous avons pensé qu'il serait à-propos de prolonger notre défi Québec-o-trésors jusque-là.  Nous croyons en effet que bien des participants (incluant votre humble servante) ont prévu faire coïncider l'un avec la fin de l'autre!

Alors c'est officiel:  Québec-o-trésors, ça dure jusqu'au 30 novembre 2015!

Vous voulez voir quels livres ont été lus jusqu'à maintenant?  Mon billet récapitulatif est ici

La liste des trésors à lire est ici! (On retrouve ces liens en tout temps dans la colonne de droite.)

Vous ne vous souvenez plus exactement où vous en êtes?  La liste chez Karine est classée par nom de participants!

Encore trois mois pour réussir le défi, c'est jouable, même pour ceux qui n'ont pas encore commencé!