31 août 2015

The City of Words (La Cité des mots) -- Abandon!

Oui, j'abandonne à moitié chemin!  Pas que ce soit inintéressant, au contraire, mais force m'est de constater que Manguel dans le texte est au-delà de mes capacités linguistiques.  Alors que ses livres traduits ont été de purs délices (en particulier Une Histoire de la lecture), celui-ci me fait l'effet d'une corvée, et pendant que j'essaye de me concentrer dessus, surtout lors des (nombreux) passages plus théoriques, je ne pense en réalité qu'à retourner à l'autre bouquin que je lis en parallèle.  Ce n'est pas lui rendre justice, je l'emprunterai plutôt un jour en version française.

À bientôt, Alberto!


The City of Words d'Alberto Manguel, 2007, 166 p.  Titre de la traduction française: La Cité des mots.

28 août 2015

The Geographer's Library (La Bibliothèque du géographe)

Un peu déçue qu'il n'y soit pas plus question de la bibliothèque du titre...  Elle n'est en fait que le point de départ d'une chasse aux trésors qui nous transporte de la Sicile médiévale au Moscou des années quatre-vingts, en passant par l'Estonie, le Yakutsk et d'autres contrées tout aussi exotiques.  Tout ça alors qu'un jeune journaliste un peu branleur d'une petite ville du Connecticut tente de résoudre le meurtre d'un étrange professeur d'Histoire...

Un roman à la Dan Brown, mais en mieux écrit!  Humour, érudition, suspense, voire un brin d'ésotérisme, tout y est, et on ne s'ennuie pas deux secondes! 


The Geographer's Library de Jon Fasman, 2005, 374 p. Titre de la traduction française: La Bibliothèque du géographe. 

18 août 2015

Les Âmes grises

Un peu polar, puisqu'il y a un meurtre et un policier qui mène l'enquête, un peu roman historique vu que ça se déroule durant la Première Guerre mondiale, un peu roman noir vu le climat très glauque qui s'est installé dans ce village situé à quelques kilomètres des tranchées mais dont la plupart des habitants ont échappé à la conscription parce qu'ils travaillent à l'Usine, jugée essentielle pour l'armée.  Beaucoup une critique sociale, aussi, dénonçant l'impunité des puissants, notables ou officiers. 

Inclassable, donc, et pas gai, mais formidable et jamais lourd!  Comme dans Le Rapport de Brodeck, Philippe Claudel est un fin observateur de l'âme humaine, une âme qui n'est ni noire ni blanche mais bien grise, et compliquée.


Les Âmes grises de Philippe Claudel, 2003, 284 p.

15 août 2015

Chercher le vent

Un roman de route...Le début est presque pénible. Un peu comme un Poulin, en moins sympathique, avec plus d'alcool et de cigarettes, et pas de chat.  À part que le premier chapitre m'a rappelé de beaux souvenir puisqu'il se déroule à La Minerve dans les Laurentides, au bord du lac Équerre où ma marraine et mon parrain avaient un chalet.

Le personnage principal (qui s'appelle d'ailleurs Jack comme l'alter ego de Poulin, je suppose que ce n'est pas un hasard...) est un gars dans la trentaine qui tente de se couper de tout sentiment et de tout contact humain à la suite d'un drame et d'une rupture.  Son beau-frère,  au contraire, est maniaco-dépressif et ressent tout à l'extrême.  Le mélange est explosif et les deux n'arrêtent pas de s'engueuler, ce qui devient lassant. 

Il y a quand même de jolies trouvailles et le tout s'améliore indéniablement dans la deuxième partie, qui se passe en Louisiane.  Le narrateur fait des rencontres et vit des évènements qui l'aideront à retrouver son humanité, ce qui rend la lecture nettement plus agréable.

Je garderai donc un souvenir positif de ce roman qui n'est cependant pas le gros coup de coeur que les critiques élogieuses m'avaient fait espérer.


Chercher le vent de Guillaume Vigneault, 2001, 267 p.



13 août 2015

Into Thin Air (Tragédie à l'Everest)

Quel récit palpitant!  Dans une entreprise qui tient autant de la catharsis que du journalisme, Jon Krakauer nous fait le compte rendu de son escalade de l'Everest, expédition qui se termina tragiquement.  Après avoir interviewé la plupart des survivants et d'autres protagonistes, il reconstitue le fil des évènements qui menèrent au drame:  malchances, erreurs de jugement dues à l'hypoxémie (manque d'oxygène dans le sang, qui affecte notamment le fonctionnement du cerveau), à l'entêtement, à l'orgueil ou à d'autres facteurs,  conditions météorologiques. 

Le style d'écriture est journalistique mais laisse tout de même passer toute une gamme d'émotions, de l'émerveillement au désespoir en passant par le sentiment de culpabilité, et même une pointe d'humour à l'occasion.  Le livre est aussi très instructif.  On apprend plein de choses sur l'alpinisme et le Népal.  Ainsi, le mot «sherpa» désigne non pas un métier comme je le croyais, celui de guide, mais bien un groupe ethnique.  Aussi, une montée de cette envergure dure plusieurs semaines car les alpinistes font plusieurs allers-retours entre des camps établis à différentes altitudes pour s'acclimater, avant de se lancer finalement vers le sommet.

En fait, je me suis aperçu que mes connaissances sur l'Himalaya n'allaient pas beaucoup plus loin que ce qu'on apprend en lisant  Tintin au Tibet...

Je suis juste un peu inquiète au sujet de la qualité de la traduction française: Tragédie à l'Everest, ça sonne bizarrement, non?  Tragédie SUR l'Everest, plutôt?  Et je n'ai pas de compliment à faire au concepteur de la couverture ci-dessus.  Les deux grosses barres horizontales éclipsent complètement la magnifique photo de l'Everest tout en camaïeu de gris, prise par l'auteur lui-même.

Un livre tout à fait fascinant, qui vous sortira du train-train quotidien!


Into Thin Air de Jon Krakauer, 1997, 333 p.  Titre de la traduction française: Tragédie à l'Everest.


05 août 2015

Ru

Kim Thuy nous raconte ici son enfance au Vietnam, sa fuite sur un navire de boat people et son arrivée au Québec à l'âge de dix ans. Son récit est présenté par bribes de quelques phrases à quelques pages, de façon désordonnée, un souvenir en amenant un autre.  On fait des allers-retours entre l'enfance et l'âge adulte, entre le Vietnam en guerre, le Québec et de nouveau le Vietnam des années plus tard.  Cette construction a les défauts de ses qualités, comme on dit: c'est tout léger, cela se lit avec grand plaisir, mais je suis un peu restée sur ma faim, j'aurais bien apprécié quelque chose de plus étoffé.  J'en garderai toutefois un excellent souvenir et je relirai certainement cette écrivaine à la plume magnifique, d'une grande force évocatrice.

J'ai particulièrement aimé qu'elle compare les difficultés qu'elle a eues en arrivant au Québec sans connaître la langue ni la culture aux problèmes de son fils qui est autiste:

«Les orienteurs me convoquaient dans leur bureau chaque année parce qu'il y avait un écart flagrant entre mes notes scolaires et les résultats de mes tests de quotient intellectuel, qui frisaient la déficience.  Comment pouvais-je ne pas trouver l'intrus dans la série «seringue, scalpel, crâne, bistouri» alors que je pouvais réciter par coeur le texte sur Jacques Cartier?  Je ne maîtrisais que ce qui m'avait été spécifiquement enseigné, transmis, offert.  C'est pourquoi je comprenais le mot «chirurgien» sans connaître le mot «chéri» ou «salon de bronzage» ou «équitation».  Je savais comment chanter l'hymne national mais pas La Danse des canards ni le refrain des anniversaires.  J'accumulais les connaissances au hasard, comme mon fils Henri, qui peut prononcer le mot «poire» mais pas «maman», puisque nos parcours d'apprentissage sont atypiques, parsemés de détours et d'embûches, sans gradation ni logique.» 


Ru de Kim Thuy, 2009, 144 p.



03 août 2015

A Room with a View (Avec vue sur l'Arno)

Toujours aussi délicieux, ce cher Forster!  Sur un mode plus léger que dans A Passage to India et Howards End, il aborde un de ses thèmes de prédilection, le choc des valeurs dans le monde changeant du début de XXe siècle.  Avec beaucoup d'humour, il nous présente des personnages qui se débattent pour concilier leurs passions et les codes stricts hérités de l'ère victorienne, des codes si rigides qu'ils en deviennent absurdes.

Je me souvenais vaguement du film et j'ai été surprise de constater que la partie qui se passe en Italie est très courte; le reste du roman se déroule dans la campagne anglaise.

Ah cette chère cousine Charlotte, je l'adore et j'aurais aimé qu'elle ait un plus grand rôle! Et ce Cecil, qu'il est détestable! 


A Room with a View de E.M. Forster, 1908, 256 p. incluant l'introduction et les notes.  Titre de la traduction française: Avec vue sur l'Arno.