27 février 2015

Nikolski

J'aime beaucoup la plume de Nicolas Dickner (voir mes billets précédents ici et ici) et c'est avec joie que je l'ai retrouvée. Même son petit côté pédant m'amuse et me réjouit! Qui d'autre que lui peut s'en tirer avec des expressions comme «un regard de sélacien»? 

Dans ce roman, on suit les péripéties vécues par trois jeunes gens qui habitent le même quartier de Montréal, celui du marché Jean-Talon (que je connais bien, ce qui ajoute au plaisir!) dont les destins s'entrecroisent sans vraiment se rencontrer et sont marqués par des thèmes aussi divers que ceux de l'archéologie, des poissons et monstres marins, des cartes routières et guides de voyage, des pirates (informatiques ou pas)...  Sans oublier les livres, de Bob Morane à Moby Dick en passant par un mystérieux bouquin sans couverture.

Seul bémol, j'ai ressenti au milieu du livre une certaine lassitude, un certain flottement.  Les personnages constamment maussades me tombaient un peu sur les nerfs et je ne voyais pas trop où Dickner voulait nous mener.  Heureusement, cela n'a duré qu'une cinquantaine de page (et non quatre cents comme dans The Goldfinch de Donna Tartt!) et je garderai finalement un bon souvenir de ce bouquin, même s'il n'est pas mon préféré de l'auteur. 


Nikolski de Nicolas Dickner, 2005, 323 p.

http://jai-lu.blogspot.ca/2014/11/quebec-o-tresors-le-billet-recapitulatif.html



12 février 2015

The Light Fantastic (Le Huitième Sortilège)

(Discworld, tome 2)

On m'avait prévenue qu'il ne s'agissait pas du meilleur tome de cette immense série de Terry Pratchett, et effectivement j'ai trouvé l'intrigue un peu décousue au début et l'humour parfois forcé.  Certains personnages sont présentés et on ne les revoit pas par la suite (ce sera pour plus tard, j'imagine). Tout de même, j'ai bien rigolé, ce qui était le but de l'affaire, et la fin est très réussie!  J'ai particulièrement apprécié les passages avec la Mort; notamment, le bout où Twoflower tente d'enseigner le bridge (enfin, une version du bridge qui contient des tortues et des éléphants!) aux quatre Cavaliers de l'Apocalypse est hilarant!  Je sais que plusieurs des romans suivants mettent en scène la Grande Faucheuse, je vais tenter de mettre la main sur le premier du cycle.  Parlant de cycles, j'ai trouvé sur wikipédia un chouette tableau qui met un peu d'ordre dans tout ça.

Mon billet sur le premier tome: The Colour of Magic.


The Light Fantastic (Discworld, tome 2) de Terry Pratchett, 1986, 284 p.  Titre de la version française: Le Huitième Sortilège (Les Annales de Disque-Monde, tome 2).

01 février 2015

À l'ouest rien de nouveau

Encore une fois un billet qui, je le crains, ne rendra pas justice à ce magnifique et terrible roman. Roman qui, on le sent bien, est basé sur des faits vécus puisque Remarque a été fantassin durant la Première Guerre mondiale.  Les descriptions sont d'un réalisme époustouflant. J'ai eu le coeur brisé lorsque le narrateur et ses compagnons, à dix-neuf ou vingt ans, sont considérés comme des vétérans et tentent en vain de montrer aux recrues comment survivre aux gaz, aux bombes.

Au début, le héros est encore capable d'apprécier quelques instants de beauté dans toute cette laideur:
«Sur un chemin transversal passent des canons légers et des voitures de munitions.  Les dos des chevaux luisent sous la lune, leurs mouvements sont beaux, ils portent la tête haute et on voit étinceler leurs yeux.  Les canons et les voitures semblent glisser sur l'arrière-plan estompé du paysage lunaire; les cavaliers, avec leurs casques d'acier, ont l'air de chevaliers du temps passé; c'est, d'une certaine manière, beau et émouvant.»

Mais ces moments de grâce sont de plus en plus rares, et la seule chose qui lui permet de garder une certaine sanité est l'amitié et la complicité des autres soldats.  Même les permissions, où il peut retrouver sa famille, ne lui sont d'aucun réconfort puisque rien n'est plus comme avant; il se sent comme un étranger dans sa propre chambre et est complètement déphasé par rapport aux civils. Il s'interroge également sur ce qui l'attend après la démobilisation, puisqu'il a quitté l'école pour s'engager et ne sait faire rien d'autre que de tuer pour survivre. Fait à remarquer, il ne montre que très peu de haine envers l'ennemi, qui est à peine mentionné, réservant toute sa grogne pour les dirigeants qui ont déclaré cette guerre et pour les officers aux ordres insensés.

Vous le savez, je ne suis pas fan de l'utilisation du présent dans les romans; toutefois ici il est très approprié et extrêmement efficace puisqu'il nous plonge directement dans l'enfer des tranchées.

Un livre qui n'a pas pris une ride, sauf pour un paragraphe sur les «nègres de la brousse», qu'il faut bien sûr replacer dans son contexte.  Un grand roman pacifiste qui fut brûlé par les nazis et valut à son auteur de se voir retirer sa citoyenneté allemande.  Le titre prend tout son sens au dernier paragraphe et c'est une vraie claque...


À l'ouest  rien de nouveau de Erich Maria Remarque, traduit de l'allemand, 1929, 282 p.  Titre original: Im Westen nichts Neues.