18 juin 2012

Naked Heat (Mise à nu)

Avec ce bouquin, j'ai eu l'impression de participer aux Chaînes de lecture chères à Flo, cette manière de relier ses lectures par une idée, un thème, un détail... Mais ici le choix s'est fait de manière accidentelle, donc ça ne compte pas vraiment! Contre toute apparence, il y a bien un lien entre le grand Auster et ce roman-ci, n'en déplaise aux puristes que ce rapprochement va faire frémir! Si Auster aime souvent jouer avec la relation entre l'écrivain et son personnage, le personnage-écrivain et l'écrivain personnage de son propre roman, ici se jeu se transpose dans la réalité, puisque le personnage de la série télévisée Castle, écrivain de son métier, devient ici l'auteur, «dans la vraie vie», des livres dont il est question dans la série!

Pour ceux qui ne connaissent pas la série Castle, elle met en scène un écrivain de polars à grands tirages qui suit une policière de l'escouade des homicides de New York pour s'en inspirer dans l'écriture de ses romans. Le personnage de Nikki Heat qu'il a créé est directement inspiré de la détective Kate Beckett, au grand dam de cette dernière.

Dans le roman (en fait la suite de Heat Wave/Vague de chaleur, mais on peut les lire séparément), on suit les aventures de Nikki Heat, flanquée du personnage de Jameson Rook, alter ego de Castle.

Tout le long de cette lecture, je me suis demandé si cela plairait seulement aux amateurs de la série télévisée. Je crois que oui. Sans cette connaissance, il y a tout un deuxième degré qui passe inaperçu.  Il est très drôle, par exemple, de voir Rook avoir des relations sexuelles passionnées avec Heat, ce qui permet à Castle d'assouvir ses fantasmes par procuration!  Comme l'écriture est assez laborieuse, voire maladroite, si on n'a pas tous ces clins d'oeil pour maintenir l'intérêt, l'on risque de s'ennuyer un peu, selon moi.  Surtout que l'intrigue elle-même est assez classique (on a presque l'impression d'assister à un long épisode de la série télé):  on a droit à une succession d'interrogations de suspects et de témoins, avec de temps en temps une poursuite ou une bagarre pour relancer l'action...

Par contre, les dialogues sont amusants et spirituels, particulièrement ceux entre les collègues de Heat, Ochoa et Raley (inspirés de Esposito et Ryan).  Cela me donne l'impression que le vrai auteur derrière Castle-l'écrivain est peut-être celui qui écrit les dialogues de la série télévisée; on y retrouve le même esprit, les mêmes réparties du tac au tac. Cet aspect du roman est assez réussi.


Mais surtout, le fait de connaître la série nous permet d'imaginer Rook sous ces traits:


Ce qui par extrapolation, pour ceux et surtout celles qui ont suivi la carrière antérieure du jeune homme et notamment la série de SF Firefly, nous mène à ceci:


Avouez que c'est pas rien! 

Bref, oui, un roman réservé aux amateurs de la série, pour passer un moment amusant entre deux lectures plus demandantes!



Naked Heat de Richard Castle, 2010,290 p.  Titre de la traduction française: Mise à nu.

08 juin 2012

The New York Trilogy (La Trilogie new-yorkaise)

Cette trilogie regroupe trois courts romans: City of Glass, Ghosts et The Locked Room (Cité de verre, Revenants et La Chambre dérobée).  Cette lecture me laisse un peu perplexe. De nombreux passages sont très intéressants d'un point de vue intellectuel, mais jamais je ne me suis sentie interpellée émotivement.  Comme ces oeuvres figurent dans les premières de Paul Auster, il est sans doute normal qu'elles soient moins fignolées, moins abouties (cela dit, je ne suis pas une grande spécialiste d'Auster, qu'on me pardonne donc ce jugement peut-être sans fondement!). On y retrouve déjà de nombreux thèmes et motifs qui lui sont chers: le pouvoir des mots, la marche dans New York, le cahier de l'écrivain, et surtout le personnage principal lui-même écrivain,  ce qui permet un tissage de liens entre l'écrivain et le personnage, et le personnage créé par l'écrivain-personnage, jusqu'à ce qu'Auster devienne lui-même un personnage de son propre roman... Sur le pouvoir des mots et du langage, j'ai trouvé passionnant le passage du premier roman où il est question de la langue originelle et de la tour de Babel, et j'aurais aimé qu'il développe encore plus ce sujet.

Bref une lecture que je conseille surtout aux fans de l'auteur, pour comprendre l'évolution de son oeuvre. Quant à moi, je ne me suis pas ennuyée mais je suis contente d'avoir suivi les suggestions de mes lecteurs lorsque vint le temps de choisir une première oeuvre pour découvrir cet écrivain!


The New York Trilogy de Paul Auster, 1985, 282 p. en version numérique. Titre de la traduction française:  Trilogie new-yorkaise.