28 octobre 2011

Forbidden Fruit

Non, ce n'est pas le titre d'un roman Harlequin, mais bien celui d'un essai sur la censure, comme l'indique plus clairement le sous-titre: banned, censored, and challenged books from Dante to Harry Potter. Je manque un peu d'à-propos, j'aurais dû terminer ce livre et vous en parler durant la semaine Banned Books Week américaine (soulignée notamment chaque année chez Book Lady), mais voilà, le temps m'a manqué, et mieux vaut tard que jamais, surtout avec un sujet aussi sérieux.

Le ton est très académique. On est loin de l'élégance d'un Alberto Manguel (qui signe d'ailleurs une courte introduction). Cependant, pour qui s'intéresse à la question, c'est un bon panorama.  Censure par l'Église ou  par des groupes religieux, censure politique ou morale, rectitude politique (le fameux politiquement correct), chaque sujet fait l'objet d'une courte introduction, puis on nous présente les oeuvres bannies ou remises en question au fil des siècles. Comme l'auteur est canadien, il y a un chapitre intitulé The Canadian Experience, qui traite à la fois des livres interdits ici et des auteurs canadiens interdits (ici ou ailleurs).  Il est toutefois fort peu question de la situation au Québec, ce qui est dommage. Quelqu'un connaît un bon bouquin sur la censure au Québec?

Un point aurait dû être selon moi plus développé, puisqu'on n'y fait allusion que brièvement.  La liberté d'expression devrait-elle être absolue, ou doit-on la limiter pour protéger certains groupes?  Dans un monde idéal, je serais assez d'accord avec l'auteur: on devrait avoir le droit de tout dire, et ceux qui ne sont pas d'accord n'auraient qu'à présenter leurs propres arguments.  Mais dans la réalité, lorsqu'on sait à quels excès a pu mener la propagande haineuse, cette idée me rend un peu mal à l'aise...

 Quelques exemples de censure ou de remises en question:

  • The Handmaid's Tale (La Servante écarlate) de Margaret Atwood (elle-même grande défenderesse de la liberté d'expression) a été remis en question dans plusieurs écoles américaines parce qu'il touche des thèmes comme «le suicide, le sexe illicite, la violence et le désespoir». Il a été effectivement banni d'une seule école au Massachussett à cause des blasphèmes et des scènes sexuelles.
  • Harry Potter and the Philosopher's Stone (Harry Potter à l'école des sorciers) de J.K. Rowling a «l'honneur» d'être le livre plus remis en question au XXIe siècle aux États-Unis, à cause de son sujet touchant à l'occultisme, sa violence et son biais «anti-famille»! Le Canada n'est pas en reste puisque dans de nombreuses bibliothèques scolaires il n'est disponible que sous supervision.
  • Le Journal d'Anne Frank a été censuré par son premier éditeur, qui a enlevé certains passages qu'il trouvait de mauvais goût (comme celui où Anne parle de ses premières règles, par exemple). Dans la version allemande de l'oeuvre, on a aussi retiré certains commentaires anti-allemands! Ce livre a été remis en question dans certaines écoles américaines à cause de quelques vagues références sexuelles et parce qu'Anne critique parfois ses parents!


Forbidden Fruit : banned, censored, and challenged books from Dante to Harry Potter de Pearce J. Carefoote, 2007, 143 p. Non traduit, à ma connaissance.

25 octobre 2011

Un souffle venu de loin

Dans la première partie de ce roman, Marion, la narratrice, nous parle de sa relation avec sa soeur adoptive Mirka, un de ces enfants européens qu'on envoyait dans des familles canadiennes pour les mettre à l'abri durant la Deuxième Guerre mondiale. Entourée d'amour dans sa nouvelle famille, la petite n'arrive pourtant pas à s'adapter complètement. En deuxième partie, racontée du point de vue de sa fille Clara dans les années 1990, Mirka raconte ce qu'elle a appris de ses origines et de son passé lors de son retour en Belgique, et on comprend alors la source de son malaise.

Malgré des dialogues parfois un peu ampoulés, un beau roman qui lève brièvement le voile sur un aspect moins connu de l'Histoire du XXe siècle, le génocide du peuple tsigane par les nazis.

(Bien que l'auteure soit québécoise de naissance, elle habite en Ontario depuis 1974 et la maison d'édition est ontarienne; c'est pourquoi j'ai préféré classer cette oeuvre sous le libellé Canada [hors-Québec].)

Merci à Babelio et aux éditions Prise de parole pour l'envoi.

Un souffle venu de loin d'Estelle Beauchamp, 2010, 210 p.

17 octobre 2011

A Short History of Nearly Everything (Une Histoire de tout, ou presque)

J'ai surtout entendu parler de Bill Bryson pour ses récits de voyage, tant du côté anglophone que francophone de la blogosphère.  On le disait très drôle, et j'ai toujours voulu le découvrir, mais la plupart des titres cités ne se trouvent pas en VO dans les quelques succursales de la bibliothèque que je fréquente (bien sûr je pourrais les faire venir d'une autre succursale, mais cela demande un niveau de planification au-dessus de mes capacités, eh oui, en fait de lecture je suis une impulsive!).  Alors quand un invité de l'émission Bazzo.tv (je crois que c'était René-Daniel Dubois, mes excuses si je me trompe) a parlé de cet ouvrage-ci en termes dithyrambiques l'an passé, c'était comme s'il me parlait à moi personnellement. Et l'alignement des planètes a fait que l'ouvrage soit disponible en bibli. Hourra!

Je n'ai pas été déçue.  Bryson est avant tout un formidable vulgarisateur, mais aussi un humoriste hors pair.  Bien qu'il soit américain, son humour a un petit côté british, si bien que j'étais convaincue qu'il était anglais.  En fait, il a longtemps habité en Angleterre, alors je ne me trompais pas tant que cela.  Comme de plus cet ouvrage a un petit côté «encyclopédie fêlée», la voix qui résonnait souvent dans ma tête durant la lecture était celle du narrateur du Hitchhiker's Guide to the Galaxy (Guide du routard galactique) (attention, je parle ici de la série de la BBC des années 80, nettement plus réussie malgré des moyens plus modeste que le film de 2005).

De l'infiniment grand (l'univers, le Big Bang) à l'infiniment petit (les atomes, les particules) en passant par la vie sur terre, l'auteur fait un survol de tout ce qu'on sait sur notre monde, et surtout nous raconte comment on l'a appris.  Pour ce faire il a rencontré les plus grands spécialistes dans chaque domaine (astrophysique, géologie, botanique, anthropologie, etc).  Pour qui s'intéresse à l'histoire des sciences, c'est absolument passionnant. Et même si ces sujets vous attirent juste moyennement, il saura garder votre attention grâce à de nombreuses anecdotes rigolotes (les excentricités des scientifiques, leurs petites rivalités mesquines, des comparaisons inattendues...).


«The universe is an amazingly fickle and eventful place, and our existence within it is a wonder.  If a long and unimaginably complex sequence of events stretching back 4.6 billion years or so hadn't played out in a particular manner at particular times -- if, to take juste one obvious instance, the dinosaurs hadn't been wiped out by a meteor when they were -- you might well be six inches long, with whiskers and a tail, and reading this in a burrow.»

Par contre, si vous êtes d'un naturel angoissé, je vous conseille de sauter la section Dangerous Planet, où sont énumérés les différents cataclysmes, catastrophes et autres catas qui nous pendent au bout du nez.  Saviez-vous par exemple qu'il y a régulièrement des astéroïdes de taille respectable (assez pour détruire une ville) qui croisent l'orbite de la terre, et que des objets de la taille  d'un terrain de football ne seraient détectables que quelques jours à l'avance, si on est chanceux? Certainement pas assez rapidement pour préparer une expédition avec vaisseau armé de bombes atomiques à la Armageddon. En fait, il y a de fortes chances que notre expérience se résoudrait à «Qu'est-ce que... Woooosh!».

De la même façon, ceux qui souffrent de la phobie des microbes feront bien d'éviter la section Small World, où il est question des bactéries, virus etc.

Même si le ton reste léger, Bryson nous passe tout de même des messages importants à l'occasion, mais s'il tire parfois le signal d'alarme, ses propos ont un effet calmant, je trouve, parce que, replacés dans la perspective globale des quatre milliards d'années de notre planète, nous sommes un peu insignifiants...


A Short History of Nearly Everything de Bill Bryson, 2003, 544 p. incluant les références, la bibliographie et l'index. Titre de la traduction française: Une Histoire de tout, ou presque.

10 octobre 2011

Roman-réalité

Je ne fais sans doute pas partie du public cible de ce bouquin.  J'avoue que lorsque je l'ai choisi parmi la liste de l'opération Masse Critique de Babelio, j'ai lu la présentation en diagonale, car, je l'ai souvent dit en ces pages, je déteste savoir l'intrigue d'avance et donc ne lis jamais les quatrièmes de couverture. Je pensais que les quatre aspirants écrivains qui participent à ce concours de «roman-réalité» auraient à écrire, justement, un roman à huit mains, ce qui aurait pu donner lieu à un «roman dans le roman», un stratagème qui peut donner des résultats fort intéressants (cf Paul Auster, Margaret Atwood, et al). (Je sais, il y a quatre fois le mot roman dans la phrase précédente, c'est maladroit mais comment faire autreroman, oups, autrement?)

Finalement ce n'est pas tout à fait ça.  Les quatre jeunes, isolés dans un chalet en pleine nature, doivent chaque soir rédiger un compte rendu de la journée, et ce sont ces écrits qui seront rassemblés et publiés, accompagnés des textes d'un observateur impartial qui les épie à distance grâce au système de surveillance installé dans la masure. Le reste du temps, nos participants doivent résoudre des énigmes ou accomplir certains défis, exactement comme dans les émissions de télé-réalité insupportables (mais chacun ses goûts) de style Occupation double/ Loft Story.

Les deux principaux défauts: premièrement, dans leurs textes, les participants ne font rien d'autre que se dénigrer les uns les autres, ce qui malheureusement a l'effet de nous les rendre tous antipathiques!  Même l'observateur a une attitude méprisante envers eux. Deuxièmement, pour des aspirants écrivains qui désirent se faire remarquer, ils ne soignent pas du tout leurs écrits, se contentant d'un premier jet bourré de sacres et d'abréviations héritées des textos, anglophones de surcroît (WTF, BTW...). Encore là l'observateur, pourtant lui aussi écrivain en manque d'éditeur,  souffre du même travers, se permettant des expressions comme bitchage ou wannabe.

Points positifs: une bonne idée de départ, mais qui aurait pu être poussée plus loin, et une finale surprenante et bien amenée.

Pas mon style d'écriture, pas mon style d'histoire. Je ne fais pas partie du public cible, prenez donc mon avis avec un grain de sel.  Je suis sûre que ce livre plaira à plusieurs, je ne fais tout simplement pas partie du groupe!


Merci à Babelio et aux éditions Coups de tête pour l'envoi.

Roman-réalité de Dominic Bellavance, 2011, 294 p.

01 octobre 2011

J'en veux!

Des espadrilles aux couleurs des classiques de la littérature, ça vous tente? (Je vous aurais bien mis une image, mais le site interdit les copies...)  Mes préférés:  Lord of the Flies, Fahrenheit 451 et Les Trois Mousquetaires... Et ça vaudrait presque la peine d'avoir un iphone juste pour avoir un prétexte pour se procurer l'étui assorti!

Et vous, lesquels préféreriez-vous? Vous adorez ou vous trouvez cela ridicule?