30 septembre 2011

Du bon usage... des spoilers!

Êtes-vous de ceux qui lisent d'abord les dernières pages d'un polar pour connaître d'avance le meurtrier? Moi pas du tout, je suis plutôt du genre à me boucher les oreilles en chantant «lalalala!» lorsque quelqu'un parle d'un livre que j'ai l'intention de lire, ou d'un film que je veux voir.  Je ne lis même pas les quatrièmes de couverture parce qu'elles sont souvent trop révélatrices à mon goût!

Hé bien il semblerait que j'aie tort, ou à tout le moins que je sois dans la minorité.  Une nouvelle étude de l'Université de Californie, qui me semble tout à fait contre-intuitive, tend à prouver que les spoilers auraient plutôt l'effet d'augmenter le plaisir de la lecture. On a fait lire aux participants des oeuvres dans trois genres différents (romans avec revirements de situation, policiers, «grande» littérature), parfois telles quelles, parfois avec une préface qui dévoilait la fin, parfois avec un paragraphe révélateur incorporé dans l'oeuvre même. Contre toute attente, ce sont les oeuvres avec préface qui ont remporté le plus haut pointage d'évaluation du plaisir.


Cliquez pour agrandir.  Source: http://ucsdnews.ucsd.edu/newsrel/soc/2011_08spoilers.asp 
 

Cela pourrait s'expliquer de deux façons, selon les auteurs de l'étude: soit nous surestimons l'importance de l'intrigue, soit notre cerveau effectue plus facilement le traitement de l'information lorsque la fin est connue, ce qui augmenterait notre plaisir.

Entéka. Je me souviens encore de ma déception lorsqu'en consultant l'article sur Agatha Christie dans le Robert des noms propres, j'ai appris qui était le coupable dans Le Meurtre de Roger Acroyd, considéré comme un chef-d'oeuvre du genre.  Je le lus quand même éventuellement, mais ce fut de loin celui que j'ai le moins apprécié dans l'oeuvre de la grande dame du polar.  Alors personnellement, je vais continuer à me boucher les oreilles en faisant «lalalalala!» 

Et vous?

20 septembre 2011

Du bon usage des étoiles

«Quant à moi, je suis allé au bout de la Terre, j'ai basculé dans ce vide où il n'y a ni monstres marins ni poulpes géants ni même Dieu; je n'ai trouvé que la nuit dans cet abîme, et c'est sans doute, de toutes les découvertes, la plus terrible.»

Ding ding ding ding! Coup de coeur!!!

Parlons d'abord de la page couverture, qui est magnifique et qui surtout reflète bien l'esprit du roman.  C'est ce qu'on appelle, si je me souviens bien de mes cours d'arts plastiques, une «technique mixte»: sur un fond de carte du ciel sont superposés différents papiers découpés ou déchirés, ornés de dessins à l'encre de Chine. 

Or c'est justement ce qu'est ce livre: un assemblage d'éléments disparates pour former un tout qui aurait pu sembler décousu mais qui se tient parfaitement. Se basant sur des faits et personnages réels (l'expédition de triste mémoire commandée par sir John Franklin dans l'Arctique en 1845-48), Dominique Fortier brode autour de quelques documents authentiques, intercalant les journaux de bord des commandants du Terror et de l'Erebus avec le récit de la vie quotidienne de deux femmes restées en Angleterre, Lady Jane, femme de sir Franklin, et sa nièce Sophia, y incorporant des extraits de traités scientifiques d'époque, des poèmes, la pièce de théâtre jouée par les matelots et même la recette du plum-pudding de Lady Jane!

Je n'en reviens tout simplement pas que ce soit un premier roman.  C'est une chose d'avoir une excellente idée de départ, c'est autre chose de la réaliser avec autant de maîtrise, d'audace,de retenue, et avec un tel équilibre entre l'humour, la tragédie, l'intelligence et le romantisme.

«Crozier savait mener les hommes dans la bataille comme dans la paix, il savait lire la mer et le paysage, les nuages et les astres, il savait le grand corps de bois de son navire aussi sûrement que celui d'un chien fidèle, mais il ignorait et ignorerait toujours comment présenter une tasse de liquide tiède et acide à une dame de manière à ce qu'elle s'en régale et se considère comme son obligée.  Pour cela, il aurait troqué le reste sans hésitation.»


Les trois-quarts de la blogosphère ayant lu ce bouquin, je ne vous mettrai pas tous les liens.  À tout seigneur tout honneur, je me contenterai du billet de Jules, puisque c'est chez elle que je l'avais remarqué (mille mercis, très chère!).


Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier, 2008, 345 p.

13 septembre 2011

Doigts croisés...

Je participe à l'opération Masse critique - Québec du site Babelio (livres de la rentrée littéraire gratuits en échange de critiques)... Comme je suis arrivée un peu tard pour faire mon choix, les auteurs plus connus (connus de moi, veux-je dire!) n'étaient plus disponibles!
Je recevrai donc:


Je me lance dans l'inconnu, j'espère ne pas être déçue!

12 septembre 2011

The Night Watch (Ronde de nuit)

J'ai lu Fingersmith de Sarah Waters il y a un an ou deux et je l'avais a-do-ré! Vous savez, ces romans qu'on dévore sans pouvoir les déposer, qui nous font coucher trop tard, qu'on lit en s'exclamant tout haut à chaque revirement de situation? C'est un de ceux-là.

C'est cet état d'esprit que je croyais retrouver en commençant The Night Watch.  Comme chacun des héros semble cacher un secret, un passé trouble, je m'attendais à des révélations fracassantes.  Or celles-ci tardaient à venir, et j'ai dû finalement convenir que ce n'était pas à ce genre de roman que j'avais droit ici.

Une fois cet ajustement de cerveau fait, j'ai enfin pu me laisser imprégner par l'atmosphère et apprécier cette histoire.  On est d'abord dans le Londres de l'après-guerre, puis on remonte le temps progressivement jusqu'au début de la guerre, et peu à peu le passé de chacun se révèle à nous grâce à un récit habilement construit. Plusieurs des personnages sont des lesbiennes, ce qui une des marques de commerce de cette écrivaine, à ce qu'il paraît. En passant, il y a une ou deux scènes assez explicites, alors si ce n'est pas votre tasse de thé (pour rester dans l'ambiance british), vous voilà prévenus. 

Ce que j'ai aimé le plus, c'est la description de Londres sous les bombardements. Il me semblait sentir les murs vibrer, voir les décombres, la poussière et la suie, éprouver la peur et le fatalisme des habitants.  Seul petit hic, tout le monde passe son temps à fumer, à offrir des cigarettes, allumer des cigarettes, etc. J'imagine que c'est voulu, pour montrer que le tabac était un des seuls petits luxes qui restait aux Londoniens durant cette période, mais ça devient tout de même agaçant à la fin.

Et si finalement il y a bien de l'inattendu, c'est tout en douceur qu'il s'offre à nous!


Le billet de Raych (qui dit grosso modo la  même chose que moi, mais en english et en plus drôle. Comme d'habitude, quoi.), celui de Thom, de So, de Joëlle, d'Amy.


The Night Watch de Sarah Waters, 2006, 473 p.