28 juillet 2009

Rachel's Holiday

Regardez un peu la couverture rose vif de ce bouquin, avec son titre d'un jaune pimpant. Lisez tout en bas le commentaire d'un critique anonyme du Sunday Times: «A gloriously funny book». Gloriously funny! Rappelez-vous maintenant les autres livres que vous connaissez de cette auteure irlandaise: par exemple Angels/Chez les anges, les aventures amusantes d'une irlandaise fuyant un mari infidèle à Los Angeles, et surtout Sushi For Beginners/Une Vie de rêve, qui prend place dans un magazine féminin de Dublin (inutile d'en dire plus, je pense...).

Comme moi, vous vous attendez à quelque chose de léger, d'amusant, n'est-ce pas? Peut-être même de la Chick-lit? Une chance que j'étais en position horizontale lorsque j'ai commencé ce roman, sinon je serais tombée en bas de ma chaise au bout de quelques pages!

Drôle, oui, certainement, mais d'un humour plutôt grinçant, le seul genre d'humour sans doute qu'on peut retrouver avec une certaine vraisemblance dans un centre de désintoxication! Oui, vous avez bien lu, le roman se déroule en grande partie dans un centre de désintoxication! Si Marian Keyes nous épargne tout de même le récit des effets physiques peu ragoûtants de la cure, c'est la description psychologique des patients qui l'intéresse, et en particulier celle de la Rachel du titre, une cocaïnomane: négation de son problème de dépendance, égocentrisme, vision déformée de la réalité, dépendance croisée à l'alcool ou à la bouffe, etc. Certains passages sont effectivement plutôt amusants, mais d'autres, au contraire, très éprouvants, en particulier ceux où l'on est témoin des thérapies de groupe, où les patients se font dire leur quatre vérités, ou plutôt sont amenés à les avouer, à se les avouer.

Une fois l'ajustement fait, j'ai pu apprécier ce roman à sa juste valeur. Et si la fin m'a semblé un peu trop facile, j'ai beaucoup aimé l'écriture, avec ses expressions irlandaises assez différentes de l'anglais britiche ou américain.


Rachel's Holiday de Marian Keyes, publié chez Penguin Books en 1997. 627 p. Titre de la version française: Les Vacances de Rachel.

22 juillet 2009

Le Premier Aigle

Quel dépaysement! Dès les premières pages, nous voilà transportés dans le sud-ouest américain, au pays des Navajos et des Hopis, des aigles majestueux mais aussi des chiens de prairie infestés de puces pestifères... Vous saviez, vous, que le bacille de la peste bubonique existait encore et refaisait son apparition, non en Inde ou en Afrique mais aux États-Unis? Brrrr, ça fait froid dans le dos juste d'y penser! À côté de ça, la grippe AH1N1 c'est de la petite bière!

Microbiologie, folklore amérindien, braconnage, peine de mort et relations amoureuses: un mélange étonnant et divertissant, sur un ton souvent drôle, parfois doux-amer. Ce polar fait semble-t-il partie d'une série, mais cela ne m'a pas dérangée du tout, l'auteur nous donne juste assez d'information pour bien suivre les relations entre les personnages. Si je me doutais de l'identité du coupable, la fin m'a tout de même surprise.

Et ce soleil implacable! Un parfait remède à ce mois de juillet humide et frileux... D'ailleurs la couverture n'est-elle pas superbe?

Quant à la traduction, elle est correcte, je n'ai tiqué que deux ou trois fois, ce qui veut tout dire quand on connaît ma sévérité à ce sujet!


Le Premier Aigle de Tony Hillerman, traduit de l'américain, publié chez Payot & Rivages en 1999, 2001 pour cette édition de poche qui compte 325 pages incluant le glossaire des termes navajos. Titre de la version originale: The First Eagle.

21 juillet 2009

La chick-lit pour les nuls

Suite à une demande d'une lectrice fidèle (allo maman!) qui est fort marrie de n'avoir rien compris à mon dernier billet, j'ai pensé fournir ici une tentative de définition de la chick-lit, pour ceux et celles qui ne connaissent pas ce genre littéraire. À ma connaissance, il n'existe pas de terme équivalent en français. Chick, qui signifie «poussin», est un terme populaire, affectueux ou parfois légèrement péjoratif pour désigner une femme, particulièrement une jeune femme. On pourrait donc traduire l'expression chick-lit par «littérature de filles». Dans les romans les plus caractéristiques de ce genre, on suivra sur un mode humoristique les aventures sentimentales et les déboires professionnels de jeunes femmes dans la vingtaine ou la trentaine, généralement citadines. Le développement psychologique des personnages ne sera pas très poussé, on reste dans le mode léger, et des préoccupations matérielles seront souvent abordées (mode vestimentaire, collection de chaussures, etc). Il pourra y avoir, ou pas, quelques scènes croustillantes. Les livres les plus connus sont Le Journal de Bridget Jones d'Helen Fielding, Le Diable s'habille en Prada de Lauren Weisberger, la série Accro du shopping de Sophie Kinsella, et du côté québécois les romans de Rafaële Germain (voir mes billets ici et sur Soutien-gorge rose et veston noir).

Ce genre existe-t-il en littérature française? Aucun titre ne me vient à l'esprit, et vous?

14 juillet 2009

Sepulchre

Chick-lit for grade A levels (de la chick-lit pour les premières de classe, ou pour les boles (bols, bolles?) comme on aurait dit dans mon jeune temps (est-ce que cette expression est encore utilisée?)) est l'expression utilisée dans les extraits promotionnels faisant la louange de Labyrinth, le roman précédent de Kate Mosse. Dès les premières pages, je me suis dit que cela pourrait aussi bien s'appliquer à ce livre-ci... Est-ce que Sophie Kinsella oserait comparer son héroïne à un tableau de Rossetti ou mettre un poème de Charles Baudelaire en exergue? Ceci dit, la comparaison avec la chick-lit tient plus ou moins la route, ou alors cela dépend de la définition qu'on en fait, j'imagine. S'il y a bien un peu de placement de produit (le personnage principal porte des jeans Banana Republic) apparaissant ici et là comme un cheveu sur la soupe, on est loin de Sex and the City. Et, parlant de sexe, il n'y a qu'une seule petite scène se voulant titillante, et là encore, cheveu sur la soupe, en ce qui me concerne.

L'ennui, c'est que lorsqu'on se targue de faire de la littérature intelligente, il faudrait au moins s'arranger pour ne pas faire trop d'erreurs. Entre Kate Mosse et moi, il y en a une qui ne fait pas la différence entre l'est et l'ouest. Je l'avais noté dans Labyrinth, la même chose se produit ici. Et si, pour faire couleur locale, on ajoute des phrases en français dans le texte anglais, il faudrait peut-être voir à ce qu'elle ne contiennent pas trop de fautes.

Heureusement, ces quelques défauts ne m'ont pas empêchée d'apprécier cette histoire, ou plutôt ces deux histoires imbriquées l'une dans l'autre, celle de Léonie Vernier, une adolescente parisienne dont la famille est poursuivie par un maniaque syphilitique à la fin du XIXe siècle, et celle de Meredith Martin, une musicologue américaine en quête de ses racines dans le sud de la France en 2007. Reliant les deux époques, un château à l'atmosphère troublante près de Carcassonne, une tombe datant de l'époque des visigoths et un étrange jeu de Tarot.

Si la fin m'a un peu laissée sur ma faim (je m'attendais à plus), et s'il y a quelques longueurs (ce que j'appelle de la micro-description (où ai-je vu ce terme?), ie une description minutieuse des gestes des personnages, même lorsque cela n'apporte rien à l'histoire; ça s'appelle aussi du remplissage, je crois), je peux néanmoins recommander ce livre aux amateurs du genre historico-fantastico-mystérieux (Da Vinci Code, Club Dumas, etc). Mais lisez d'abord Labyrinth: premièrement il est meilleur, et secundo deux personnages secondaires refont leur apparition dans Sepulchre, alors quelques éléments pourraient avoir l'air un peu obscur.


Les billets de Clarabel, Leiloona, Alwenn (qui s'est ennuyée), Cuné...

Sepulchre de Kate Mosse, publié chez Orion en 2007. (2008 pour l'édition de poche, qui compte 739 pages, plus 32 pages de notes). Titre de la version française: Sépulcre.

01 juillet 2009

We Were the Mulvaneys

Alerte aux spoilers!! Comme ce livre est lu dans le cadre du Blogoclub et que par conséquent la plupart de ceux qui liront ces lignes ont aussi lu le roman, je me permets de dévoiler quelques éléments clés de l'intrigue, et je le permets aussi à ceux qui me laisseront des commentaires! Voilà, vous êtes avertis! (Et soit dit en passant, je suis toujours à la recherche d'une traduction pour le mot spoiler... L'Office de la langue française propose «gâcheur», c'est un peu boiteux, non?)

Préparez vos mouchoirs! Hé oui, j'ai versé quelques larmes, y compris dans l'autobus, où j'ai dû arrêter de lire ce pour ne pas avoir l'air d'une folle. Quelle excellente découverte que le choix du Blogoclub ce mois-ci! Et respectant parfaitement le thème de la famille qui nous avait été suggéré par nos super-organisatrices, puisque c'est avant tout d'une famille qu'il est question ici, une famille formant un tout qui est plus que la somme de ses parties, une famille avec ses codes, ses manies, ses surnoms. Une famille unie et heureuse qui sera brisée, éparpillée à cause d'un seul évènement, un viol, qui aura l'effet d'un tremblement de terre et affectera chacun de ses membres différemment.

Je ne connaissais Joyce Carol Oates que de nom, et je ne sais pourquoi je croyais que ce serait un peu mélo, un peu «kétaine»... Et bien pas du tout, enfin c'est très émouvant mais ce n'est pas que ça. J'ai été surtout épatée par la force des personnages, si bien décrits qu'on a l'impression de les connaître. Le seul personnage qui reste un peu flou est le fils aîné, Mike Jr, mais j'ai l'impression que c'est fait exprès: l'histoire est en grande partie racontée du point de vue du plus jeune garçon, qui finalement a peu connu son grand frère, celui-ci ayant quitté la maison assez tôt. J'ai particulièrement aimé le personnage de Marianne, la fille jolie et populaire, trop parfaite, qui suite au drame tentera de s'effacer physiquement et devra réapprendre à exister, à redevenir visible.

Si ce bouquin convenait bien pour le thème de la famille, il aurait aussi bien pu être choisi pour celui des États-Unis (Blogoclub du 1er novembre 2008). En effet, on y retrouve en arrière-plan de nombreux éléments ayant marqué l'histoire de ce pays durant les années 70 et 80: Guerre du Vietnam, crise des otages en Iran, etc. D'ailleurs, il y aurait sans doute un parallèle à faire entre l'évolution de la ferme familiale et celle du pays et de la société américaine. À ce titre, la vente de la propriété à une famille de yuppies en 1980 est significative. Oates fait aussi une critique assez vive de la classe moyenne et de son intolérance.

Je vais certainement lire d'autres oeuvres de cette auteure, mais comme je vois qu'il y en a «un char pis une barge», je suis ouverte aux suggestions...


Pour connaître l'avis des autres membre du club de lecture, il faut suivre les liens chez Sylire et Lisa. Il y a aussi les billets de Choupynette, Le Bibliomane, Kalistina (qui n'a pas aimé), Florinette...


We Were the Mulvaneys de Joyce Carol Oates, publié chez Plume en 1997, 454p. Titre de la traduction française: Nous étions les Mulvaney.