29 octobre 2007

The Remains of the Day

The Remains of the Day de Kazuo Ishiguro, publié chez Key Porter Books en 1989. 245 p. Titre de la traduction française: Les Vestiges du jour.


N'ayant pas vu le film, mais me souvenant vaguement de la bande-annonce, je croyais qu'il s'agissait ici d'une histoire d'amour entre deux domestiques britanniques. Finalement, c'est bien plus que ça!

À l'occasion d'un voyage, un majordome anglais se remémore divers épisodes de sa carrière. Rarement ai-je vu un écrivain capable de dire autant en si peu de mots. Tout est suggéré, tout doit être lu entre les lignes. Notamment les sentiments, qu'ils soient colère, amour ou désir, qui sont refoulés à l'extrême, n'étant pas dignes de la fonction de majordome. Le respect de la bienséance est poussé jusqu'à l'absurde, jusqu'à la négation des sentiments les plus élémentaires. Au point que le personnage principal en devient socialement inapte, et paradoxalement c'est cette inaptitude qui le rend attendrissant.

La réserve et le flegme britannique sont merveilleusement illustrés, de même que le choc des valeurs traditionnelles avec les bouleversements politiques et sociaux survenus dans la première moitié du XXème siècle (traité de Versailles, montée puis chute du nazisme, anti-sémitisme, impérialisme américain). On sent tout à fait bien les conflits entre la loyauté et la honte du majordome envers son maître aux idées politiquement discutables, de même que sa culpabilité envers son père déclinant.

Le tout est dépeint avec beaucoup d'humour. Il faut absolument lire la scène où le majordome, à la demande de son maître, tente d'apprendre les choses de la vie à un jeune homme avant son mariage. Mourant!



Lilly a beaucoup aimé elle aussi, ainsi que Papillon.



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Prochaine lecture: The Woman Who Walked Into Doors, de Roddy Doyle.

24 octobre 2007

The Brooklyn Follies

The Brooklyn Follies, de Paul Auster, publié chez Henry Holt and Company en 2006. 306 p. Titre en français: Brooklyn Follies.


Armée des suggestions que vous m'avez gentiment faites à la suite de mon appel à l'aide , je me suis rendue à la bibliothèque municipale, et le Destin a décidé que c'est par Brooklyn Follies que je découvrirais Paul Auster. (C'était en effet le seul titre disponible ce jour-là; quand à Jean-Philippe Blondel, il manquait carrément à l'appel!)

Le Destin a bien fait les choses. Quelle histoire charmante que celle de cet homme amer qui revient à Brooklyn pour y mourir et redécouvre les plaisirs de la vie, de l'amitié et de l'amour! J'adore l'écriture de M. Auster, toute en finesse, et son humour subtil. J'aime beaucoup ce genre d'histoire toute simple, parfois humoristique, parfois dramatique, avec des personnages sympathiques qu'on voudrait ne jamais quitter!

Je crois que c'est le début d'une fructueuse relation entre M. Auster et moi. Ou pour citer une réplique célèbre d'un de mes films préférés, «I think this is the beginning of a beautiful friendship!»


Sylire et Anjelica m'avaient suggéré ce livre (merci!). Flo en parle aussi avec beaucoup d'éloquence, ainsi que Papillon, Chimère...


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Prochaine lecture: The Remains of the Day, de Kazuo Ishiguro.

21 octobre 2007

Le Lièvre de Vatanen


Le Lièvre de Vatanen d'Arto Paasilinna, publié chez Denoël/Folio en 1989. 236 p. La version originale, Jäniksen vuosi, date de 1975.


J'ai d'abord été un peu décontenancée. Pas évident de passer sans transition de l'univers intense de I Know This Much Is True à celui-ci, tout en fantaisie ludique et légère. Puis je me suis laissée prendre au jeu et j'ai pu apprécier les aventures de cet homme qui lâche tout pour partir en cavale dans la campagne finnoise avec un lièvre qu'il a sauvé et apprivoisé. La première moitié du roman est tout à fait charmante.

Par contre, par la suite, le chapitre où il fabrique un piège pour tuer de façon cruelle le corbeau qui dévalise chaque jour ses provisions m'a fait décrocher. Je déteste la cruauté envers les animaux. Il aurait dû trouver une façon de protéger ses victuailles, tout simplement. D'ailleurs, cela ne concorde pas avec sa personnalité telle que décrite dans le reste du roman. J'ai donc été incapable d'apprécier ce passage, qui se voulait drôle, je crois. C'est peut-être de la sensiblerie de ma part, mais bon, on ne se refait pas.

Les derniers chapitres m'ont semblé tomber dans l'absurde, je n'y retrouvais plus la fantaisie que j'avais appréciée au début. Je sors donc de cette lecture un peu déçue, finalement. Et je suis déçue d'être déçue, car normalement ce genre de bouquin aurait dû être dans mes cordes...


Camille est très enthousiaste, Allie aussi, ainsi que Papillon, Tamara, Chimère, et des tas d'autres... Ouf! Au moins une autre blogueuse, Kalistina, n'est pas complètement emballée! (Plus déroutée que déçue, par contre.)

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Prochaine lecture: Brooklyn Follies de Paul Auster.

20 octobre 2007

I Know This Much Is True

I Know This Much Is True de Wally Lamb, publié en 1998 chez ReganBooks. 902 p. Titre de la traduction française: La Puissance des vaincus (pas terrible comme titre, je trouve!).

Il y a décidément des thèmes récurrents dans mes lectures ces derniers temps. Je retrouve dans ce livre le thème des jumeaux (The Thirteenth Tale), celui d'une relation amour/haine/jalousie entre frères (Fallen), celui des motifs se répétant de générations en générations (Echoes, Le Soleil des Scorta), de la quête des racines (Luz ou le temps sauvage, The Goodbye Summer).

Il y est aussi beaucoup question de colère, la colère qui vous empoisonne la vie, et du pardon qui vous permet de recommencer à vivre. Comment vivre lorsqu'on a l'impression que la vie s'acharne sur vous personnellement, que vous êtes le bouc émissaire du destin?

L'impact de la maladie mentale sur la famille est fort bien décrit également -- un des frères jumeaux est atteint de schizophrénie paranoïde et l'autre (le narrateur) doit tenter de le protéger contre lui-même et contre la société qui veut l'enfermer, tout en tentant de garder son propre équilibre.

Pas très gai, tout ça, direz-vous? Et pourtant certains passages sont très drôles, d'un humour assez caustique! Et les personnages sont très attachants, surtout le personnage principal, car on comprend d'où vient toute sa colère et toute son arrogance. C'est un livre très touchant et qui vous tient en haleine du début à la fin de ses 900 pages par des mystères et des revirements de situation inattendus.


Cuné a bien aimé en version française, ainsi qu'Amandine.


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Prochaine lecture: Le lièvre de Vatanen d'Arto Paasilinna.

10 octobre 2007

Fallen

Fallen de David Maine, publié chez St. Martin's Press en 2005. 244 p.

Nul besoin d'être croyant pour apprécier ce roman, malgré son sujet : l'histoire d'Adam et Ève, de Caïn et d'Abel. Il s'agit en effet d'un mythe qui a profondément influencé la culture occidentale, et c'est en ce sens qu'on peut l'aborder.

Je dois dire que j'ai eu un petit peu de misère à m'accrocher au début, mais passé les deux ou trois premiers (et courts) chapitres, cela devient vraiment passionnant. La construction du roman est bien pensée. On commence par la fin, Caïn est mourant, et on remonte dans le temps. L'histoire est d'abord racontée du point de vue de Caïn, puis d'Abel, d'Adam et enfin d'Ève. Mais aucun de ces personnages n'est tel qu'on s'y attendrait, chacun sort des stéréotypes véhiculés depuis des siècles. Cela m'a donné le goût de retourner aux sources; j'ai été surprise de constater que dans la Bible, on passe de la création d'Adam à l'exil de Caïn en quelques pages!

David Maine décrit ce qu'ont pu être les premières années d'exil, lorsqu'il fallait tout apprendre pour essayer de survivre. Dans ces conditions, un lapin peut être épeurant avec ses grandes dents, alors qu'un scorpion a l'air inoffensif! Il imagine aussi quelles ont été les relations entre Caïn et ses parents, son frère et Dieu, et comment on en est arrivé au premier meurtre de l'Histoire.

Un livre intelligent, subtil, humoristique, qui se lit comme un drame psychologique, comme une saga familiale, presque même comme un thriller, par endroits.

Une seule déception: David Maine n'apporte pas de réponses à deux question qu'il soulève et que je me suis toujours posées moi aussi.
  • Pourquoi Dieu a-t-il préféré l'offrande d'Abel à celle de Caïn?

  • Qui sont tous ces humains qui apparaissent soudainement, ceux de qui Caïn doit être protégé par la Marque, et celle qui devient la femme de Caïn?
J'imagine que l'auteur non plus n'y a pas trouvé de réponses!
Cet auteur a écrit d'autres romans basés sur des thèmes bibliques, un sur l'Arche de Noé et un sur Samson. Je les mets sur ma liste aussitôt! Surtout celui sur Noé; Samson me tente moins, peut-être simplement parce que c'est un mythe que je ne connais pas très bien -- il était très fort jusqu'à ce qu'il se fasse couper les cheveux -- à première vue, pas de quoi remplir tout un roman...

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Prochaine lecture: I Know this Much is True de Wally Lamb.

05 octobre 2007

Dress your Family in Corduroy and Denim

Dress your Family in Corduroy and Denim de David Sedaris, publié aux éditions Little, Brown and Company en 2004. 257 p. Titre de la traduction française: Habillés pour l'hiver.


En anglais, ils appellent ça une collection of personal essays, mais je crois que le terme essay n'a pas le même sens qu'essai en français. Il s'agit ici d'un recueil de récits autobiographiques. En général, j'aime bien ce genre; j'ai beaucoup d'admiration pour ceux qui d'une vie somme toute ordinaire, comme c'est souvent le cas dans ce style de littérature, font un texte extraordinaire, que ce soit grâce à l'humour ou à la qualité de l'analyse psychologique. De plus, on y retrouve les qualités d'un recueil de nouvelles sans les défauts, c'est à dire l'interruption continuelle de l'histoire, que personnellement je trouve souvent frustrante. Ici, même si les histoires peuvent se lire séparément (plusieurs ont déjà été publiées dans diverses revues américaines, d'autres étaient à l'origine des chroniques radiophoniques), elles forment un tout.

Avec un humour décapant, David Sedaris nous raconte divers épisodes de sa vie, de son enfance à aujourd'hui. Si certains récits sont un peu moins réussis -- je trouve qu'il va un peu loin dans la dérision lorsqu'il parle de sa famille, on en est mal à l'aise pour eux, quoiqu'on lui en pardonne beaucoup car il est encore plus dur envers lui-même -- la plupart sont très drôles. Il faut un talent certain pour rendre hilarante la visite de la maison d'Anne Frank à Amsterdam sans que ce soit de mauvais goût... Le chapitre comparant le Santa Claus américain et le Saint Nicolas néerlandais est une vrai pièce d'anthologie.


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Prochaine lecture: Fallen, de David Maine.

03 octobre 2007

Le Monde de Sophie

Le Monde de Sophie, de Jostein Gaarder, publié au Seuil en 1995. 558 p. La version originale, Sofies Verden, date de 1991.


J'avais entendu beaucoup de bien de ce livre depuis sa parution il y a douze ans. C'est néanmoins avec appréhension que je l'ai commencé, car je savais qu'il y était beaucoup question de philosophie, et la philo et moi, au Cégep, c'était deux... En effet, ce roman constitue en fait le prétexte à un survol de l'histoire de la philosophie, des Grecs jusqu'au XXème siècle.

J'ai donc été très surprise de constater pendant la lecture des premiers chapitres que les parties «cours de philo», racontées d'une façon vivante et imagée, m'intéressaient finalement plus que les parties «fiction», qui me semblaient un peu absurdes et sans grand intérêt. Heureusement, vers le milieu du livre, un déclic se produit, les choses se mettent en place et l'histoire devient très amusante.

Et la philo, demandez-vous, j'en pense quoi maintenant? Hé bien, disons que je ne serai jamais copain-copain avec Spinoza, mais j'ai tout de même appris des choses, et je ne me suis pas ennuyée... C'est déjà beaucoup, je trouve. Aussi, j'ai découvert qu'il est très plaisant de dire à haute voix le nom «Kierkegaard». Essayez, pour voir!


L'avis de Camille, de Virginie et de Kalistina (qui l'a abandonné).


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Prochaine lecture: Dress Your Family in Corduroy and Denim de David Sedaris.